lundi 25 août 2008

"C'était François Mitterrand" de Jacques Attali - Editions Fayard


J’ai un défaut. J’aime la Politique. Celle avec un P majuscule, celle qui change la vie au quotidien, celle qui navigue aussi hors de portée de nos misérables considérations, celle qui s’approprie les secrets et revendique et claironne ses avancées. Petits jeux de massacres entre gens de mauvaise compagnie, parfois, elle s’insinue quoi qu’on en pense dans notre espace pour s’adosser à la critique véhémente ou à l’acquiescement placide, c’est selon. Alors, lorsque Jacques Attali se met à table pour raconter son François Mitterrand, je savoure franchement parce que j’ai la curiosité insatiable en la matière …

Car Jacques Attali fut pendant des années et des années le conseiller spécial de celui qui fut le chef de l’opposition avant de devenir président de la République… Ce sont donc près de vingt ans de lutte pour le Pouvoir et de Pouvoir lui-même qui sont scrutés par l’auteur placé de fait aux premières loges. De ce théâtre de vie, mélange de comédies et de tragédies, le lecteur s’installe (in)confortablement dans le fauteuil de l’Histoire, dans les arcanes de la décision, dans une géopolitique parfois compliquée… En somme, dans la complexité que revêt la plus haute fonction de l’Etat. On apprend et on s’étonne. Ce livre n’est pas simplement une longue photographie d’instants mémorables de fièvres et de déceptions, d’inquiétudes et d’enthousiasmes, de conflits et d’amitiés, de maladie et de résurrection, de dilemmes et de passages en force, de revanches et de points gagnants, c’est aussi le travail d’un homme en prise direct avec son pays. Cette flamme qui porte François Mitterrand.

De Droite ou de Gauche, adversaire farouche, admirateur fervent, quidam indifférent ou vaguement concerné, le lecteur se pose-là, dans les méandres de la Vie politique d’un président de la République dont Jacques Attali se fait à la fois l’avocat et l’admirateur mais aussi le critique et le déçu. De toutes ces années où il prit les notes précises de ce qui s’est dit et fait dans leur collaboration, dans l’idée de faire ce livre, l’auteur se souvient, tente la franchise et la clarté en évitant (peut-être) la mauvaise foi. Vingt ans d’histoire commune qui leur fit traverser la crise sociale, les guerres, le terrorisme, l’économie de marché et l’effondrement du mur de Berlin et de l’ex-URSS. Sans oublier la mise en avant franche et pudique de la vie intime de François Mitterrand (sa maladie, sa fille secrète) qui éclaire une fois encore les comportements d’un homme qui a profité de ce temps qui lui était, croyait-il, compté. De quoi laisser une trace indélébile dans l’Histoire. Avec un H majuscule cette fois.

Site de l'auteur,

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Alors nous avons le même défaut, qui n'en est pas normalement pas un, sauf peut être dans la blogosphère littéraire (c’est quasi la première fois que je vois un blogueur écrire un billet sur un livre politique). J’avais aussi envie de lire de livre sur Mitterrand, qui reste finalement le seul président de gauche de toute la Vème république, écrit comme tu le dis par quelqu’un qui a été au cœur même du pouvoir. C'est vrai que si quelqu’un a de la matière pour écrire sur Mitterrand, c’est bien lui…

Anonyme a dit…

< Emma : au-delà du "livre politique", je regrette parfois que les "blogosphéreux" parlent peu d'essais, de livres "sociétaux", de biographies, etc. A croire qu'ils ne vivent que la tête dans les étoiles du roman pour... s'évader du monde. Et moi j'aimerais un peu mieux comprendre le monde. J'ai quelques ouvrages dans ma besace, j'en parlerai ici, bien évidemment...

Anonyme a dit…

bah moi il me tente bcp ce livre

Anonyme a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec toi. J'aime aussi les documents et les essais - tu as peut-être vu certains de mes billets. J'attends avec impatience de voir ce que tu as dans ta besace !

Anonyme a dit…

C'est vrai que sur les blogs, mais aussi en librairie, le roman remporte la palme du meilleur genre. Pourtant Kundera dans "L'art du roman" trouvait déjà que les histoires modernes des auteurs étaient pauvres et n'arrivaient pas à la cheville de Cervantès, Rabelais ou Joyce ...

Les essais ne plaisent plus. Les gens ont envie de rêver alors que les essais les font réfléchir. :P

Quant à "C'était François Mitterrand", Attali doit être beaucoup plus intéressant que tous ces auteurs qui sortent en ce moment des livres sur notre président et ses femmes ...

Anonyme a dit…

< Amanda : cède à la tentation même si l'on n'est pas sur l'île (hum)...
< Emma : ma besace trépigne (on dirait une contrepétrie, tiens)...
< Leiloona : j'aime assez l'idée de pouvoir aborder ici tous les types de livres au risque de n'intéresser strictement personne. Ce n'est pas très grave. Quant à la vacuité des livres qui sortent sur notre président et son épouse... (oup's, j'ai laissé transparaître ce que j'en pense)...

Anonyme a dit…

Livre pour l'histoire ? Peut-être bien. Mais j'ai toujours une certaine gêne à lire dans le présent, presque à chaud, les livres pour l'histoire. Je comprends qu'ils soient écrits à partir de souvenirs encore vivants, ce qui me gêne, c'est de les lire. Il devrait, idéalement, y avoir une ré-édition, 25 ans plus tard, revue, corrigée et allégée par l'auteur s'il n'est pas encore gâteux. C'est cette édition-là qui m'intéresserait. L'édition expurgée des contraintes politiques ou amicales, du besoin d'hagiographie immédiate.

Anonyme a dit…

Peut-être que les essais intimident les blogueurs ? Je dis ça, car je fais partie de ces blogueurs qui ne parlent pas d'essais et qui pourtant en lisent. Mais tout cela va changer... Sinon, si tu n'as rien contre les us et coutumes bloguesques, il y a un petit tag pour toi par chez moi, occasion de nous montrer ce qu'il y a dans ta besace...

Anonyme a dit…

< Georges : A l'inverse, dans 25 ans lorsqu'il sera gâteux, pourquoi ne rajouterait-il pas quelques contraintes politiques et amicales ? Le "à chaud" peut faire aussi dire (écrire) des maux qui dépassent quelques pensées... Cette histoire-là m'intéresse peut-être plus que l'aseptisé des années qui passent.
< Levraoueg : Oh, une révolucheune bloguesque ?? (merci pour le tag, mais je ne participe pas à ce genre d'opération)

Anonyme a dit…

Je lis très rarement des essais... mais je suis ravie d'en voir un chroniqué sur un blog, d'autant qu'il me paraît très intéressant !