samedi 9 février 2008

"Battle for Haditha" de Nick Broomfield

... avec Elliot Ruiz, Yasmine Hanani, Andrew McLaren... - Sortie France : 30 janvier 2008 - Site : http://www.surreal-films.com/haditha

Synopsis : En novembre 2005, des Marines sont pris pour cible dans un attentat sur le bord d'une route à Haditha en Irak. Ils lancent aussitôt des représailles, s'attaquant aux occupants des habitations toutes proches.

Le bilan, 1 Marine et 24 civils irakiens, hommes, femmes et enfants tués. Battle for Haditha, inspiré de faits réels, est le récit de cette journée maudite, dont on a le sentiment qu'elle pourrait être une parmi tant d'autres, si les médias n'avaient révélé le massacre. Tourné sans "acteurs professionnels" mais avec de vrais Marines et des Irakiens qui ont vécu le conflit, le film propose au spectateur une vision omnisciente, sans parti pris et montre bien que ceux qui sont sur le terrain, soldats, insurgés ou civils, sont englués dans un bourbier infernal, pris dans des tirs croisés d'armes mais aussi de politiques qui font autant de ravages que des balles. Quel que soit le camp dans lequel on se trouve, on paie.

Nick Broomfield signe là un très bon film, replace les êtres qui subissent les horreurs de la guerre et l'aveuglement de ceux qui les dirigent au coeur du débat, loin de toute considération politique et de dogme moralisateur. Il démonte les mécanismes d'une machine infernale, une escalade presque inévitable où chacun peut basculer du statut de victime à celui de bourreau dans l'instant. Et si on ne devait retenir qu'un moment de cette fiction comme illustration, ce serait celui où cette femme d'un âge respectable s'interroge sur la conduite à tenir : une bombe a été posée, les habitants du quartier le savent, s'ils en parlent au cheikh proche des terroristes, les insurgés vont les tuer, s'ils en parlent aux américains, ils vont les prendre pour des insurgés et les emprisonner. Comment s'en sortir ?

PS : A force, vous allez croire que je suis une fan des hommes aux cheveux courts et en treillis, mais point du tout, j'préfère les mecs en short... (ou sans) - Betty Poulpe

lundi 4 février 2008

"Saga" de Tonino Benacquista - Editions Gallimard


Si Louis, Jérôme, Mathilde et Marco sont là, c’est qu’ils n’ont pas le choix. Ou si peu. Quand Seguret, le patron des programmes d’une chaîne de télévision les réunit, c’est pour leur demander d’utiliser le moins possible leurs talents de scénaristes. Car, ils devront écrire Saga, un feuilleton de 80 épisodes qui ne passera qu’à quatre heures du matin, histoire de permettre à la chaîne d’être raccord avec ses obligations de création de fiction. Mais surtout ne pas faire de bruit : Faites-nous n’importe quoi, absolument n’importe quoi, pourvu que ce soit le moins cher possible. Le message est clair, limpide… Puis, à l’œuvre, les Quatre vont apprendre à se connaître, à se respecter, à vivre ensemble jours et nuits… ne plus vivre que pour l’écriture de… Saga.

Tonino Benacquista nous entraîne alors dans ses fantasmes d’écrivain où ses personnages deviendront bien malgré eux les héros de l’histoire qu’ils écrivent, parce que Saga va d’abord être une série à la mode pour, finalement, se transformer en un phénomène de société incontrôlable. Dans ce chaos, les quatre scénaristes régleront leurs comptes, parce que pour eux la vie est un roman, elle s’écrit, elle s’épie sur un format A4… On se promène ainsi dans Saga, avec des bouts de scénarios et des bouts de vie tout court, où tout se mêle et s’entremêle : fiction et réalité, réalité et fiction. Si l’on peut parfois s’agacer des rôles démesurés dont sont gratifiés les Quatre dans une société perdue, on est également irrésistiblement attiré par l’abîme d’un monde où l’image règne en maître. La vie ne devient plus qu’un texte, une virtualité avant l’heure du virtuel. Les Quatre y trouveront chacun à leur façon une voie, celle qui leur permettra d’écrire, d’écrire et d’écrire encore… afin d’être eux-mêmes.