jeudi 6 mars 2008

"Scènes de la vie d'acteur" de Denis Podalydès - Editions Seuil/Archimbaud

Entré à la Comédie française en 1997, l'acteur Denis Podalydès, frère de Bruno (Versailles Rive-Gauche, Dieu seul me voit, Le mystère de la chambre jaune, etc.), a la petite faiblesse des diplômés en philosophie : l'écriture. Ainsi, celui qui porte le numéro 505 sur la carte de Sociétaire de la vénérable maison, a-t-il depuis de nombreuses années noirci secrètement les pages blanches de ses cahiers. La publication de Scènes de la vie d'acteur est donc le résultat de la collecte et du tri de ses différents textes (39) relatant ses années de travail aussi bien au théâtre qu'au cinéma. Et ne boudons pas notre plaisir de lecteur, à découvrir entre les lignes le quotidien d'un acteur qui se définit lui-même comme ordinaire et classique dans le sens où il a souhaité dans cet ouvrage faire partager le quotidien d'un métier où les paillettes ne sont que la surface émergée du travail de préparation souvent long, fastidieux, angoissant et difficile, mais aussi jouissif…

Denis Podalydès nous promène donc avec son style académique, un peu poussiéreux parfois à l'image des vieux bâtiments qui l'accueillent, dans les incertitudes, les peurs, les pleurs, les petits riens, les joies, les triomphes et les affres de la vie de troupe… Il déambule également dans la vie d'acteur de cinéma ou dans son rôle de juge d'élèves acteurs avec son regard mêlé d'empathie, de rejet ou de consternation. Présentés sans souci chronologique, ces textes apportent l'éclairage de l'inconnu, une entrée par la petite porte, une vision objective dans un royaume de la tricherie assumée où plane en filigrane le fantôme d’un frère suicidé.

Pourtant, dans ce lot de vérités, l'auteur a opté pour le secret des identités et des actions qu'il relate. Malheureusement, pourrais-je dire. Car en tentant de gagner en universalité de la vie d'acteur, Denis Podalydès rend son livre également souvent impersonnel, lointain et quelques fois même antipathique. En changeant les noms des gens dont il parle, en travestissant les tranches de vie, il y a une sorte de détachement, un éloignement inexorable qui s'opère pour le lecteur que je fus alors que j'aurais sans doute aimé un livre plus libre, moins placé à l'aune de la contrainte de ne faire de mal à personne. Un ouvrage qui demeure toutefois une belle méditation sur un métier encore, quoi qu’on en dise, mystérieux.