dimanche 18 mai 2008

"L'Interprétation des meurtres" de Jed Rubenfeld -Editions Panama

Etats-Unis. New York. Début 20ème siècle. Tout commence le 29 août 1909 alors que le psychanalyste Sigmund Freud vient à peine de faire son premier pas sur la terre ferme après une croisière transatlantique. Il débarque ainsi dans le Nouveau monde, invité à être la vedette autrichienne de quelques conférences initiées par une université américaine… Il n’en faut pas plus à Jed Rubenfeld pour entraîner le lecteur dans une série de meurtres à tendance psychanalytico-crapulo-sado-masochiste. Les psys, le flic et le légiste en sa compagnie mènent l’enquête.

Parce que l’auteur du livre est un malin. Prenant à bras le corps l’histoire de Big Apple, très détaillée, aux rendus minutieux et passionnants, Jed Rubenfeld nous trimballe dans la très haute société New Yorkaise de l’époque : riche, conquérante, pionnière et fondatrice de la future toute puissance américaine. Dans ce contexte, il promène le lecteur dans les balbutiements de la psychanalyse en faisant du narrateur de l’enquête un… psychanalyste, disciple de Freud. En quelque sorte, le porte-parole du Maître qui apparaît finalement peu, et qui tentera de dénouer les nœuds des personnages complexes, se payant le luxe de même parfois, ô diable, le contredire.

Inutile, avant de commencer la lecture de L’Interprétation des meurtres, de se croire obligé d’être un cador de la psychanalyse. Tout est ici abordable facilement, à l’image d’une psychanalyse qui n’en est encore qu’à ses prémices et de fait, donc, abordée avec didactisme et simplicité par l’auteur. On passe ainsi de la petite fille riche, à la femme battue en passant par les bas-fonds, la jalousie, les instincts primaires et le complexe d’Œdipe sans coup férir. Les chapitres sont courts, vifs, alertes, passant d’un point de vue à un autre tout en mélangeant une série d’histoires qu’il serait délicat de révéler ici, suspense oblige. Freud est le plus souvent un spectateur attentif, un point d’ancrage, une référence écoutée par le narrateur qui mène son enquête. N’allez pas imaginer qu’il puisse devenir un Sigmund Holmes ou un Sherlock Freud crapahutant avec son fidèle Watson vers de nouvelles aventures. Jed Rubenfeld nous gratifie d’une bonne histoire, intelligente, documentée et attrayante pour les neurones. De quoi largement en faire quelques bulles effervescentes et champagnisées. Un plaisir de lecture à ne surtout pas bouder.