lundi 28 décembre 2009

100 exemplaires, ça se fête (aussi) ?




Voilà, ça devait bien finir par arriver. Un chiffre rond. Tout rond. Depuis le 13 octobre dernier, j'ai vendu 100 exemplaires de mon 1er roman "Thomas s'en fout". A qui le tour ?

mercredi 16 décembre 2009

"Coco Chanel & Igor Stravinsky" de Jan Kounen


Casting : Anna Mouglalis, Mads Mikkelsen, Elena Morozova, etc.
Sortie en salle : 30 décembre 2009
Durée : 1h58

1920. Paris. Coco Chanel, qui vient de perdre son grand amour dans un accident de voiture, rencontre Igor Stravinsky, réfugié dans la capitale avec femme et enfants pour cause de révolution russe. La célèbre couturière propose au musicien qui n'est pas encore une gloire incontestée d’héberger tout son petit monde dans une maison aux abords de Paris, à Garches. La passion amoureuse et le besoin de création qui unira les deux peuvent alors commencer…

Le fiévreux réalisateur de Dorberman n’a pas fini de nous étonner après la controverse qui avait animé critiques et grand public lors de la sortie de son dernier film, Blueberry. Il rebondit dans le temps et nous propose aujourd'hui la livraison d’un nouveau film passionné où se croise le destin de deux figures du 20ème siècle. Jan Kounen réunit en effet deux acteurs principaux ô combien concernés : une Anna Mouglalis exceptionnelle en Coco à la fois sombre, sûre d'elle-même et indépendante et l'acteur Danois Mads Mikkelsen (Casino Royal…) tout en intensité, tiraillé entre sa famille, ses sentiments et la création musicale. Le film tisse une toile implacable des amours aussi brutales que puissantes d’un couple illégitime à la recherche des émotions et de leurs démons, en route pour leur mythe. Jan Kounen filme ses personnages avec une précision chirurgicale, en laissant toutefois toute sa place à la ferveur, aux corps, aux regards, à ces souffles saccadés, aux souffrances… aux silences.

Alors que ces enchevêtrements de sentiments transportent le couple adultère, la femme d'Igor (Elena Morozova, émouvante), amoindrie, malade, trahie, tente sauver ce qui peut l'être, ravalant sa fierté pour faire survivre sa famille et son couple. Les deux femmes savent, et Kounen laisse sa caméra régner en maître, subtile, sans manquer une miette des douleurs dans cette soudaine tragédie de la séparation non souhaitée. Là où le festival de la vérité prend le pas sur les non-dits enfouis, le réalisateur fait corps avec ses personnages. Il les scrute, les devine et les réinvente alors que la musique écorchée de Stravinsky transcende les sentiments de la plus belle des façons tandis que celle de Gabriel Yared s'imbrique subtilement dans les atmosphères laissées vacantes.

C’est l'un des tours de force du film qui hypnotise le spectateur. Dans cette villa, les personnages s’observent, se chassent et se cachent dans un huis clos à la monotonie et à l'habitude feintes. C’est au gré de cet amour interdit, que Coco et Igor trouveront l’énergie et l’inspiration créatrice, chacun dans son domaine. Le parallèle est saisissant, décliné, passionnant : l’une est en route pour la gloire encore un peu plus planétaire avec son parfum Chanel n° 5 alors que l’autre œuvre à sa légende de musicien, jour après jour derrière son piano accompagné de multiples alcools.

Jan Kounen jongle admirablement entre Histoire et histoire, revisite la relation peu connue entre les deux génies et s’adonne à une mise en scène éblouissante qui prend son temps quand il le faut et s'enfièvre ensuite dans des mouvements magnifiques (ne ratez sous aucun prétexte la scène d’introduction qui reprend la Première huée du Sacre du printemps !). Un film sombre, mais lumineux. Un film violent, mais sensuel. Un film habité, mais libre… A l’image de ses protagonistes : beau et grand.


vendredi 27 novembre 2009

"Tijuana City Blues" de Gabriel Trujillo Munoz - Editions Les Allusifs

Elle est loin l’image d’Epinal d’un Mexique balnéaire à tendance touristique dans Tijuana City Blues de Gabriel Trujillo Munoz. Surtout lorsque l’avocat Morgado, plus habitué à défendre les droits de l’homme dans son pays, se retrouve irrémédiablement embarqué dans une enquête où il aura à remonter le temps. Celui où, en 1951, un homme a disparu dans la nature après que l’écrivain américain William S. Burroughs lui demande de transporter un paquet plus que douteux jusqu’à Tijuana. Le fils de cet homme disparu voudrait aujourd’hui en savoir plus. Bien plus.

Dans ce court roman, l’auteur allèche et appâte le lecteur en mélangeant l’Histoire littéraire (Burroughs en meurtrier accidentel de sa femme, véridique…) et le Mexique d’aujourd’hui, loin des clichés. Trujillo Munoz accompagne sans fioritures l’enquête minutieuse de l’avocat Morgado à coup d’archives et de photos jaunies. Dans cette enquête poussiéreuse, le livre s’arrête parfois subrepticement sur les contentieux humains et historiques du Mexique et de son incontournable et puissant voisin : les Etats-Unis. Tijuana, à la frontière, est symptomatique d’un mal de vivre, de l’égarement d’une population aveuglée et étouffée par les lambris et la condescendance de l’Amérique. Mais Tijuana City Blues, c’est surtout une enquête somme toute classique, loin du style foisonnant de la littérature sud américaine, menée lentement sous la chaleur d’un pays aux prises avec l’un de ses démons, la drogue. L’histoire se déroule sous nos yeux, limpide, sans accroc et simplement. Trop simplement.

Chronique réalisée dans le cadre de l'opération Babelio Masse Critique

mercredi 25 novembre 2009

jeudi 12 novembre 2009

"La vérité sur Marie" de Jean-Philippe Toussaint - Editions de Minuit


Tout commence par la séparation des corps. Le narrateur de La vérité sur Marie a perdu Marie et son amour, croit-il. Séparé qu’ils sont depuis quelques mois, chacun des deux ex vit sa vie, à Paris. L’un est dans le lit de Marie, une autre Marie tandis que Marie (la vraie) est dans les bras de Jean-Christophe, un riche homme d’affaires propriétaire de chevaux de courses. Puis un soir, ce dernier s’écroule. Crise cardiaque. Il n’en faut pas plus à Marie pour rappeler le narrateur et qu’il accourt sous la pluie. Exit le premier tableau. Retour en arrière. Le trio est au Japon. Marie et son nouvel amant repartent pour Paris avec Zahir, un cheval de course suspecté de dopage. Dans les méandres de l’aéroport, l’animal s’échappe, court, titube, glisse, transpire, s’effraie… Puis est installé dans l’avion. Troisième acte, le narrateur rejoint la maison familiale de Marie, sur l’ile d’Elbe. Là, ils se retrouvent, se scrutent, s’observent, s’effleurent… pendant qu’un incendie ravage le club hippique tout proche. La boucle est bouclée. Reste à s’aimer.

Jean-Philippe Toussaint a ce don certain de rendre son écriture en apparence austère. Alors que l’on pourrait croire que ce style ne peut laisser suffisamment sa place à l’imagination, c’est en vérité tout le contraire qui se passe. Ce style précis et implacablement descriptif capte le lecteur, l’hypnotise tandis que les images se forgent dans la tête. A tenir si remarquablement bien son texte, l’auteur nous embarque dans son voyage à travers les êtres et surtout leurs âmes. On est miraculeusement emporté par les doutes, la mauvaise foi, la jalousie et la haine du narrateur ô combien compréhensible… On est aussi estomaqué par cette description sidérante et organique d’un cheval aux abois dans un aéroport de Tokyo, de nuit alors que l’on éprouve physiquement cette détresse de l’animal. On se prend enfin à subir la chaleur de l’Ile d’Elbe, à profiter du rafraichissement d’une simple baignade avant de se sentir sale de suie tandis que l’incendie fait rage. Puis le calme et l’apaisement reviennent. Et l’on se dit que ces trois parties du livre si différentes soient elles, n’ont qu’un unique but : marteler encore et encore que l’amour est perpétuellement bousculé, balloté, malmené… mais que sa flamme subsiste puisque nous ne sommes que maladroitement humain.

mardi 3 novembre 2009

"Exit le fantôme" de Philip Roth - Editions Gallimard


Quelque chose m’a sûrement échappé. C’est le sentiment étrange qui m’a traversé alors que je terminais à peine la lecture du nouveau roman de Philip Roth, « Exit le fantôme ». Dans ce nouvel opus qui met en scène les affres de Nathan Zuckerman, son personnage fétiche et accessoirement son double puisque dans la vie qu’il invente (?) Nathan est écrivain, Philip Roth installe son livre juste à la veille de la réélection de Georges W. Bush en 2004. Nathan Zuckerman a 71 ans, il est usé, un peu malade et de passage à New York pour des examens médicaux après plusieurs années en dehors du monde des villes, presque loin, dans le Massachusetts, où il vit de plus en plus difficilement l’écriture de son œuvre, mais surtout sa santé déclinante de vieil homme.

Là, confronté aux bruits de la ville, à sa frénésie, il en retrouve peut-être le goût. Celui des envies, de l’observation, des joutes verbales, de la réflexion, des souvenirs et… des femmes, bien sûr. C’est en effet au contact de Jamie, la trentaine, mariée, que Zuckerman voit ses sens aujourd’hui inexistants retrouver de l’appétit. Contraint physiquement à une relation platonique, il fantasme ses dialogues avec elle, puisant dans son âme d’écrivain qui ne se refait pas, l’inspiration. En éveil, il côtoie aussi son passé en la personne d’Amy, une rencontre de jeunesse, elle qui fut la compagne de E.I. Lonoff, l’écrivain que tout jeune homme Zuckerman vénérait. Il rencontre également Kliman, un homme par trop envahissant qui veut écrire une biographie de Lonoff pour y révéler son terrible secret. Un personnage dans lequel le narrateur se voit sûrement un peu lorsqu’il était plus jeune.

Philip Roth mêle dans « Exit le fantôme » ses angoisses d’homme en déchéance physique, son interrogation quant à une œuvre qui se perpétue dans l’Histoire, cet air contrit qu’il arbore quand il décortique si bien l’Amérique avec son regard impitoyable, les amours déchues, le sexe en berne… Et puis bizarrement, autant ce qui pourrait rebuter (le livre débute par une description minutieuse et médicale des inaptitudes physiques de Zuckermann) m’a touché, autant les dédales menant à l’amour contrarié pour Jamie ou ces rencontres avec Amy et Kliman m’ont laissé un peu de marbre. Ces dialogues que Zuckermann réinventent avec Jamie m’ont semblé si fades. On se dit que, peut-être, nous sommes là dans l’essence de la vie qui s’achève, dans l’extrême dénuement des mots qui ne mentent plus et que cette fadeur est la compréhension de nous mêmes. Un brin de sagesse ? On s’ennuie un peu en lisant ce livre, au final. Mais peut-être suis-je encore trop jeune pour comprendre ?

jeudi 22 octobre 2009

lundi 12 octobre 2009

"Thomas s'en fout" de Thierry Wojciak - Tédoublevé Editions


Voilà. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même. Aujourd'hui est un grand jour. Pour moi. Je publie en effet mon 1er roman intitulé "Thomas s'en fout". Après moultes péripéties avec quelques éditeurs de la place de Paris dont je vous épargne le contenu, j'ai décidé de créer ma propre structure, Tédoublevé Editions, qui me permet de commercialiser cet ouvrage. Je ne vais pas m'étaler ici sur la chose, mais si vous souhaitez en savoir plus, j'ai mis en ligne un site internet dédié ainsi qu'un blog.

Le site : http://www.thomassenfout.fr/
Le blog : http://blog.thomassenfout.fr/

lundi 28 septembre 2009

"Le coeur en dehors" de Samuel Benchetrit - Editions Grasset



Charly, Charles pour les non initiés, est un ado intelligent et rêveur, mais pragmatique. Il habite la banlieue parisienne, celle que l’on dit coriace, et y déambule comme un poisson dans son étang. Aucun de ses recoins ne lui échappe. Une mère malienne qui a son petit boulot de pas grand chose, un père parti depuis des lustres, un frère multi-drogué tendance non-retour et c’est la vie qui roule comme si de rien n’était… Puis un jour, depuis l’escalier de sa tour, Charly aperçoit sa mère emmenée par la police. Des regards juste échangés à la va-vite et la vie du petit bonhomme bascule du côté de l’école buissonnière. Histoire de comprendre ce qu’il s’est passé, il part toute une journée à la recherche de son frère trop absent, Henry, pour le prévenir.

Le cœur en dehors est peut-être une trop belle errance. Celle de Charly traversant sa ville, ses no man’s lands à la rencontre des fantômes qui la hantent, ceux qui ne font peur qu’à ceux qui ne vivent pas là. L’adolescent raconte son épopée au lecteur avec ses mots à lui, son esprit vif, sa vision du monde qui l’entoure. Samuel Benchetrit réussit ce tour de force d’être Charly, d’imprégner le vocabulaire d’images vivaces, d’expressions du gamin qui nous font résolument plonger dans une banlieue d’aujourd’hui avec des copains de son âge, ses rêves de grandeur, sa poésie, ses amours naissantes... Avec un peu trop d’angélisme, parfois, mais aussi avec cette dureté d’un monde oublié, juste derrière le périphérique parisien.

Mais l’on fini par se demander si ce nouvel opus de l’auteur qui fait une pause dans l’écriture de ses Chroniques de l’asphalte, ne fantasme pas trop les lieux qu’il décrit, s’il ne fait pas la part trop belle aux sentiments beaux et nobles. Et puis non, demeure l’idée que l’âme de notre monde peut encore être sauvée. Mais qu’il ne suffit pas de le rêvasser la bouche en cœur…

lundi 7 septembre 2009

Frédéric Nothomb et Amélie Beigbeder chez Albin Grasset



Rentrée littéraire oblige, écrivains incontournables et obligés ? Autant en finir tout de suite avec Amélie Beigbeder et Frédéric Nothomb, omniprésents dans l’ère médiatique actuelle. Et pourtant, je les aime bien tous les deux, moins leurs livres parfois. Il y a leur bouille, leur aisance, leur faconde qui font que comme d’habitude je me serais laissé prendre à leur jeu respectif, par curiosité, par envie. Avec cette impression, peut-être, que je louperais éventuellement quelque chose. Puis non.

J’aurais dû me méfier. J’avais lu quelques éloges flatteurs de la dernière livraison de Frédéric Beigbeder, Un roman Français, et je me suis laissé une fois de plus convaincre malgré le souvenir désagréable d’une lecture poussive et ennuyeuse de son précédent livre, le médiocre Au secours pardon ! Comme à son habitude, l’auteur se met en scène dans un roman qui reprend en filigrane son interpellation pour usage de stupéfiant en pleine rue, sur le capot d’une voiture. Emmené au poste de police, Beigbeder et/ou son autre Lui est rivé sur sa chaise d’interrogatoire, penaud, parfois connement arrogant, péremptoire du haut de sa Grandeur d’écrivain dont il se croit affublé.

Et ce qui ne devait être qu’une péripétie se révèle être à la fois le constat d’un état de droit qu’il considère bafoué par un magistrat qui voudrait se payer un people, mais également le prétexte à un retour sur l’histoire familiale de l’écrivain. Alors, le lecteur navigue entre la descente en enfer d’un citoyen arborant la conscience soudaine du ho mais c’est horrible ces conditions de détention avec sa famille et des souvenirs par trop encombrants (le divorce de ses parents, quelques mensonges, un frère trop doué, une enfance gâtée-bâclée, une adolescence effacée, une vie d’adulte où se mêle la nuit avec… la nuit pour se perdre entre gens qui auraient tout pour être heureux, surtout l’argent).

C’est un sentiment étrange qui parcourt la lecture d’un Roman Français. C’est en effet souvent l’agacement qui a prédominé avec un écrivain que l’on sent loin de tout, loin de la vie, des contingences matérielles qu’il n’a semble-t-il jamais connues. Sa fuite en avant, ses découvertes navrantes d’un monde qui tourne sans lui et qui ne rendent pas l’auteur-narrateur spécialement attachant font de ce livre une œuvre presque naïve ou carrément larguée, c’est selon. Pourtant, soyons honnêtes, il y a quelques fulgurances, quelques portraits familiaux touchants, mais cela ne m’a pas du tout suffit, et cela n’a transmis absolument aucune empathie. Un roman triste, ce Roman français.

Amélie Nothomb, elle, poursuit sa route invariablement. Avec Le voyage en hiver, son nouveau roman, elle trace son sillon habituel au rythme encore hallucinant d’un livre par an. Ce nouveau livre ne déroge pas à la règle tacite des précédents : un livre (très) court au pitch aguicheur quand il n’est pas le récit de sa propre vie. Là, Zoïle est un amoureux meurtri. Il attend son prochain avion, celui qu’il va faire sauter lui à l’intérieur. Pendant cette attente dans l’aéroport, il écrit, il raconte son histoire avec la belle Astrolabe, celle qu’il a rencontré alors qu’il était agent EDF.

Elle est l’assistante-bonne-à-tout-faire d’une femme écrivain attardée mentale incapable de se débrouiller et même d’écrire seule. Zoïle essaie, tente tous les stratagèmes pour que sa Belle soit toute à lui. Mais peine perdue, la lutte est inégale et perdue d’avance. Zoïle ne séparera pas les deux êtres indispensables l’un à l’autre. Alors, parce qu’Astrolabe est de très loin ce que j’ai rencontré de mieux sur cette planète. Elle n’a pas des qualités, elle est la qualité. Et cela ne l’a pas empêchée de me traiter avec une cruauté castratrice. Donc, si même le fleuron de l’humanité ne vaut pas mieux que cela, liquidons l’affaire. De cette frustration, il faut que le monde paie, des coupables et des innocents, peu importe. Ils doivent périr pour que Zoïle laisse une trace.

Amélie Nothomb ne s’embarasse pas, elle sait imaginer, raconter… Elle ne s’attarde pas sur les détails, elle va droit au but et mène le lecteur en courte apnée (133 pages !) tout en glissant subrepticement au gré des pages quelques considérations sur l’état d’écrivain. La lecture est furtive, même si étrangement pour un livre si court il y a des longueurs (l’interminable séance de prise de substances illicites…). On lit, mais on a encore faim en sortant de ses pages. Reste à se dire que l’on sera passé une fois encore par la case anémie Nothomb.


"Un Roman français" de Frédéric Beigbeder chez Grasset
"Le Voyage en hiver" d'Amélie Nothomb chez Albin Michel

dimanche 23 août 2009

"A l'abri de rien" d'Olivier Adam - Editions de l'Olivier


Marie s’emmerde. Plombée par une vie de rien, elle est perdue entre sa nostalgie d’adolescente et sa réalité de mère de famille paralysée d’ennui. Marie est devenue la spectatrice inerte de son monde qui se délite imperceptiblement, où ses envies et ses rêves ne sont plus qu’un lointain souvenir. Dans son Nord natal, elle suffoque, pendant que tout près d’elle, dans sa ville, la vie d’hommes et des femmes est en suspend. Tous n’ont qu’un objectif, attendre ici quoi qu’il en coûte, et traverser la Manche pour rejoindre l’Eldorado anglais.

Dans ce no man’s land affectif, ce désert d’abandon, Marie entrouvre doucement ce qu’il lui reste d’humanité, où l’ombre d’une sœur trop tôt disparue plane tel un fantôme. Et malgré elle, se lance obsessionnellement dans l’aide à ces réfugiés, ces émigrants perdus et abandonnés comme elle, à la recherche d’un espoir de survie. Marie, dès lors, perd peu à peu ses repères de mère responsable. Elle plonge les yeux fermés dans une occupation qui lui prend son temps et ses pensées, comme une échappatoire salvatrice à sa réalité pour une autre encore plus accablante. Il y a sans doute toujours pire que sa propre situation. Marie y laissera son argent, sa santé, avec son désespoir grandissant devant les yeux tristes de son mari, de ses enfants laissés-là, en pleine incompréhension. Même si Marie a conscience de ce tourbillon, elle ne luttera pas contre elle-même, contre son Moi plus fort qu’elle, elle plongera dans l’abîme pour se sentir exister, même maladroitement, même mal, jusqu’à la folie. Juste pour respirer.

mercredi 12 août 2009

Philip Roth et Jean-Philippe Toussaint pour la rentrée littéraire 2009...

Cartable, trousse, crayons bien taillés, stylos…clavier et blog. Tout y est. C'est la rentrée. Littéraire. Nous ne sommes que mi-août mais déjà le bruissement des nouveaux livres 2009 deviendra vacarme d'ici une quinzaine de jours. Alors, qu'aura-t-on à se mettre sous la dent ? Ou les yeux, c'est selon. Parce qu'avec 659 romans qui sortiront d'ici la fin du mois d'octobre (une vingtaine de moins que pour la rentrée 2008), le roman français se fait plus "discret" avec 36 ouvrages de moins qu'à la rentrée 2008 tandis que la littérature étrangère pavoisera forte de 229 titres dans les étals de vos libraires et autres distributeurs bien connus. Dans la foulée des chiffres, la rentrée littéraire 2009 comptera 87 premiers romans (contre 91 en 2008).


Selon "Livres Hebdo", crise oblige, seuls 10 titres seront tirés d'emblée à plus de 50 000 exemplaires (15 en 2008). On citera l'incontournable Amélie Nothomb avec la sortie de "Le Voyage d'hiver" chez Albin Michel (tiré à 200 000 exemplaires), Justine Levy pour "Mauvaise fille" chez Stock (tiré à 100 000 exemplaires) ou encore Carlos Ruiz Zafon pour "Le jeu de l'ange" chez Laffont (tiré à 200 000 exemplaires) et Colum McCann pour "Et que le vaste monde poursuive sa course" chez Belfond (tiré à 50 000 exemplaires).


Alors quoi ? Ou plutôt qui ? Personnellement, les livres que j'attends pour l'instant le plus sont ceux de Jean-Philippe Toussaint ("La vérité sur Marie") aux Editions de Minuit et "Exit le fantôme" de Philip Roth chez Gallimard. Pour le reste, Grasset sortira l'artillerie lourde avec le nouveau machin de Frédéric Beigbeder, "Un roman français" alors que Jean-Pierre Milovanoff y sortira "L'Amour est un fleuve de Sibérie". Du côté de la vénérable maison Gallimard, Marie N"Diaye publiera "Trois femmes puissantes" et Anne Wiazemski "Mon enfant de Berlin". Albin Michel ne sera pas en reste avec Eliette Abécassis et son "Sépharade", François Bon avec "L'incendie du Hilton" et Sylvie Germain "Hors champ". Aux éditions de Minuit, Laurent Mauvignier livre son nouvel opus, "Des Hommes" alors qu'au Seuil, Eric Holder avec "Bella ciao" et Lydie Salvayre pour "BW" rivaliseront d'ingéniosité pour convaincre les lecteurs potentiels.

On retrouvera également, pêle-mêle, quelques auteurs qui ont eu jusqu'à présent les grâces de quelques petits succès d'estime et/ou de librairie : Delphine de Vigan pour "Les heures souterraines" chez JC Lattes, Hubert Haddad pour "Géométrie d'un rêve" chez Zulma, David Fauquemberg pour "Mal tiempo" chez Fayard, Léonora Miano pour "Les aubes écarlates" chez Plon, etc.


Et vous, votre rentrée littéraire ? Qui/quoi attendez-vous ?