lundi 8 mars 2010

"The Ghost writer" de Roman Polanski


Casting : Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Cattrall, Olivia Williams…
Durée : 2h08
Genre : Thriller

Un peu d’Hitchcock, un peu de thriller, un peu de paranoïa, un peu de (géo)politique, un peu de complot, un peu (beaucoup) d’humour : un film de Roman Polanski. The Ghost Writer signe le retour en grâce du réalisateur sur le devant de la scène cinématographique autre que celle de la justice. Dans un scénario étouffant qui voit l’étau de la vérité se resserrer inéluctablement, un écrivain en mal de succès public s’adonne pour la modique (sic) somme 250 000 dollars à la réécriture des mémoires mal fichues d’un ex-premier ministre britannique. Jusque là, rien de bien inquiétant sous la pluie continue d’une île hostile qui accueille le nègre avec l’enthousiasme d’un névropathe dans un congrès de clowns. Mais son prédécesseur, , et ex-bras droit du Prime minister, a été retrouvé noyé tandis qu’un impitoyable puzzle politico-guerrier se constitue sous ses yeux peut-être encore trop naïfs.

Dans le rôle du Ghost Writer, McGregor fait merveille. Séduisant, drôle, le tif hirsute et la dégaine de l’écrivain fatigué tout à son nouveau travail d’enquêteur trop curieux, l’acteur affronte un Pierce Brosnan, tout en cabotinage, qui peine quand même à convaincre en ex-locataire pendant dix années du 10, Downing Street. Même si la réalisation fait dans le classicisme sans effet de manche, elle est vive, fluide et inspirée, trimballant le spectateur entre faux-semblants et fausses pistes alléchants. Le scénario distille au passage quelques échanges drôles et des considérations bien senties sur les relations américano-britanniques plus qu’étroites de ses 60 dernières années. Et si le montage semble parfois chaotique (Polanski a-t-il eu tout le temps de s’y consacrer ?), Ghost writer renoue avec un cinéma d’enquête du gars tout seul contre le monde en bravant sans coup férir l’écueil de l’ennui. A farfouiller dans les recoins mal famés de la CIA et de la politique, le réalisateur offre au spectateur une plongée là où pourrait se confondre les méchants gentils et les gentils méchants. Ou l’inverse. Du Polanski tout c(r)aché, en somme.