samedi 19 novembre 2011

"Corinne Luchaire, un colibri dans la tempête" de Carole Wrona - Editions La Tour Verte

Corinne Luchaire a 17 ans en 1938 lorsqu'elle balbutie sa carrière d'actrice avec un premier et énorme succès, "Prison sans barreaux" réalisé par Léonide Moguy. Elle a aussi 19 ans en 1940. Elle est surtout la fille de Jean Luchaire, grand patron de presse collaborationniste qui sera jugé, condamné à mort à la Libération puis fusillé en février 1946...

Émerveillée par les lambris des palais qui s'ouvrent à elle, elle s'étourdit de paillettes. La vie est facile pour une jeune femme inconséquente et parfois superficielle qui n'est qu'indifférence face au monde en train de vaciller dans les ténèbres pour quelques années encore. A l'heure où certains "enfants" de son âge sont dans le maquis ou quémandent le bonheur simple d'être de leur âge , Paris est sous Occupation allemande. La famille Luchaire s'arc-boute sur ses quelques privilèges, festoie, convaincue que la paix et l'entente avec l'ennemi valent mieux que toutes les guerres. Dans ces troubles, c'est le Tout-Paris artistique, journalistique et politique que Corinne Luchaire côtoie de son jeune âge. L'envie folle de vivre ses 20 ans, de se perdre dans le tourbillon d'une célébrité naissante qui lui feront enchainer quelques films seulement, sept en tout entre 1938 et 1940 ( dont "Conflit", "Le déserteur", "Le dernier tournant", "Cavalcade d'amour" et "L'intruse" sorti en France en 1943). Frappée d'indignité nationale, elle mourra de tuberculose alors qu'elle n'aura pas encore 29 ans.

Carole Wrona excelle dans la description de cette période artistique étrange que finalement peu de livres de cinéma évoquent. Le voyage dans ce passé est l'histoire d'une jeune femme qui n'a que son rêve en poche : devenir une star du 7ème Art. En véritable historienne, et parfois en romancière qui s'imagine les pensées de l'actrice, l'auteur de ce livre très documenté ne condamne ni ne juge son "héroïne" perdue, dont le physique atypique de grande blonde effilée traverse l'écran comme un diamant à travailler. C'est avec un talent encore maladroit que Corinne Luchaire séduit les critiques, fait les couvertures de magazine spécialisés, et attire les spectateurs qui ont besoin chaque jour de sortir de leurs torpeurs. Pour le lecteur, toutefois, le trouble est insistant : un destin romanesque et cinématographique, certes, mais Corinne Luchaire était-elle une grande actrice ? Restera-t-elle dans les mémoires indépendamment de ses errements ? L'Histoire, celle du cinéma cette fois, a tranché.

lundi 29 août 2011

La septième vague" de Daniel Glattauer - Editions Grasset


C'est peut dire que la suite de "Quand souffle le vent du nord" de l'auteur était attendue au tournant. Un premier opus (sur)prenant sur la forme et le fond, a séduit la planète lecteurs en moins de temps qu'il n'en faut à un internaute pour appuyer sur la touche Envoi de son mail en cours. Avec uniquement des échanges de mails entre Emmi et Leo, ses deux "héros", Daniel Glattauer avait construit une histoire tel un flirt fait de turbulences, de fuites et de rapprochements sans boucler la boucle pour cet homme et cette femme jouant virtuellement au chat et à la souris...

Avec "La septième vague", Leo est de retour des Etats-Unis après des mois d'absence. Il manque tellement à Emmi qu'elle en est à écrire dans le vide d'une boite mail qui n'existe plus, puis qui soudainement revit et voit Leo lui répondre. Le couple qui n'en est pas un, peut dès lors reprendre ses échanges... virtuels. Une fois encore, les mots sont des épées, des épines ou des caresses... Ils transpercent parfois plus que de raison les émotions à fleur de peau des protagonistes, ils s'ingénient à séduire, balloter et scruter l'âme de l'Autre avec les égarements nécessaires à un plongeon dans les sentiments exacerbés. Emmi et Leo se voient, se parlent, règlent leurs comptes aussi bien personnels qu'intimes. Ils tentent de faire place nette dans la vision qu'ils ont de leur vie respective. Mais aussi, ils trichent un peu, se voilent la face ou même mentent par omission... Ils retrouvent cette intimité chaste qui les voit inexorablement s'apprivoiser et se comprendre comme jamais personne n'a pu le faire avec eux jusqu'à présent.

Avec cette suite, "La septième vague" se révèle moins surprenant. L'effet de surprise du précédent livre joue un peu moins. L'auteur a d'ailleurs l'intelligence, dès les premières pages, de mettre fin au suspense qui taraudait de part en part le lecteur avide de savoir si oui ou non (BORDEL !), Leo et Emmi allaient (ENFIN !) pouvoir se rencontrer... S'il ne l'avait pas fait, nous tournerions encore et encore en rond. En 348 pages, Glattauer nous gratifie d'un scénario bien ficelé qui ose le rebondissement et les explications. On est moins transporté par cette virtualité là, mais il n'en reste pas moins que cette suite réussie rend la vie est tout petit peu plus belle. Et par les temps qui courent...

mercredi 10 août 2011

L.A. Noir" de Tom Epperson - Le Livre de Poche policier

Dany ne sait pas d'où il vient, mais sait avec qui il vit. Amnésique dans un Los Angeles des années 40, il passe son temps dans une bande maffieuse sous les bons offices d'un caïd qui l'a pris sous son aile. Pourquoi ? Comment ? Mystère... Mais Dany aimerait comprendre, savoir qui il est réellement... Savoir si sa façon de tuer et de régler son compte aux ennemis de son boss sont dans ses gènes ou bien seulement un réflexe conditionné par son instinct de survie ou un apprentissage sur le tas. Dany patauge, s'interroge, tombe amoureux de la minette de son chef, mais enquête aussi...

Il en met un temps, Tom Epperson, pour installer son histoire un peu paresseuse. Plus de 120 pages au compteur et l'on se demande encore où est-ce que l'on va. Puis, comme souvent (toujours ?), c'est un meurtre qui sauve la mise et emballe l'histoire. Dany qui se pose des questions, louvoie et observe laisse la place à Dany qui sait, en pleine action aidé par son mystérieux voisin de palier et motivé comme pas deux par les yeux aux abois de Darla. Le roman, en puisant dans les clichés d'une Californie suintante et embourbée dans sa racaille toute puissante, tente de nous emporter dans la lignée des films "Chinatown" de Roman Polanski ou de "LA Confidential" de Curtis Hanson.

Mais n'est pas James Ellroy qui veut, et les traces dans lesquelles se lance Epperson semblent bien minces. Là où Ellroy sait mieux que quiconque englober ses histoires dans l'Histoire de l'Amérique avec un grand H, les Etats-Unis d'Epperson semblent à l'étroit, trimballant des personnages caricaturaux et prévisibles qui plombent un peu cette histoire-là plus que de raison. On s'ennuie en effet un peu des mystères et de l'action du livre. Mais on peut aussi comprendre pourquoi le réalisateur Ridley Scott en a acheté les droits pour en faire un film : concurrencer ses ainés avec un film véritablement noir, cette fois.

Chronique réalisée dans le cadre de l'opération Babelio Masse Critique

dimanche 17 juillet 2011

"Le jour où Gary Cooper est mort" de Michel Boujut - Editions Rivages

Michel Boujut avait quelques compte à régler. Avec son passé, son histoire... Critique cinéma vénérable ("Charlie Hebdo", "France Culture", "Telerama", Paris Première, etc.), cocréateur de la mythique, indispensable et seule véritable émission TV sur le 7ème Art à la télévision, "Cinéma, Cinémas", il livre son fardeau d'une vie. C'est lui qui le dit. Boujut était d'une génération qui va connaître la guerre. Celle d'Algérie. Celle qui, jeune soldat en service commandé, lui fera décider qu'il ne s'agit pas de la sienne. Il sera déserteur... décidé.

C'est à ce retour en arrière auquel nous convie l'auteur. Emblématique des conflits d'une jeunesse avec elle-même de la fin des années 50 et du début des années 60, c'est l'histoire d'un homme qui justifie son acte ultime d'un pays en guerre. En défiant la société avec un "non" à ce bourbier qui se voile la face, Boujut nous raconte sa conscience de jeune homme et sa vie d'homme en devenir. "Le jour où Gary Cooper est mort" est une thérapie qui permet à son auteur de reprendre à zéro le processus intellectuel d'une décision qui le marquera au fer rouge. C'est aussi le retour à une histoire familiale touchante marquée par les deux "grandes" guerres (la 1ère et la 2nde) qui verront son grand-père et son père aux prises avec des destins tragiques et dont l'auteur garde une trace indélébile.

Eloge de l'indépendance d'esprit, ce livre est aussi l'histoire d'un homme qui devra longtemps vivre discrètement, voire caché, et qui n'aura que pour seule thérapie les salles obscures. Lieu de paix et de découverte de ses propres sentiments par excellence, le cinéma sera pour Michel Boujut une porte de sortie salvatrice qui ouvrira encore un peu plus son espace des considérations et des combats du monde. J'aurais sans doute aimé que le critique parle un peu plus des films de sa vie, qu'il nous plonge dans sa passion, mais en liant intimement son parcours d'être humain à l'Histoire de France, il a fait le choix de la confession remarquablement bien écrite des échardes qui lardent son âme meurtrie. En homme debout, peut-être a-t-il maintenant trouvé sa paix intérieure peu avant son décès en mai dernier... Une lecture qui reste toutefois un peu lointaine. Générationnelle, sans doute.

lundi 20 juin 2011

"La mort d'Edgar" de Franz Bartelt -Editions Gallimard


Il y a des livres de nouvelles qui correspondent tout à fait à l'idée que l'on peut se faire d'elles. "La mort d'Edgar", sans conteste, truste à lui tout seul le cahier des charges d'un tel exercice : être dans le vif du sujet, des personnages campés sans fioritures, une plume précise et efficace, un scénario implacable, une histoire originale déroulée sur du velours, une fin surprenante. Tout y est.

Alors, on se laisse balader par Franz Bartelt qui nous emmène là où il veut. Dès sa première histoire qui donne son titre au livre (ma préférée), ce sont les "petits gens" accablés par la mort du jeune frère inconnu d'un austère et secret habitant du village. Les portraits dressés par l'auteur rivalisent de drôlerie, de pathétique ou encore de burlesque lorsque "Gardin s'éveilla" alors que tout le monde, absolument tout le monde, le croit mort ou que Sylvie dans "Une sainte fille" passe toute sa vie à être considérée comme "sacrée vicieuse".

Les mécaniques quasi-policières mises au point par Bartelt feraient trembler le meilleur des inspecteurs face aux envies quotidiennes de suicide d'un personnage systématiquement sauvé par un autre ("Le puits"). On est estomaqué par l'audace du "héros", à qui dans une seule et même journée tout réussi ("Le meilleur des jours"). Ou encore ce couple dont la relation est mathématiquement liée ("Parfait amour"), effrayant digression sur notre illusoire besoin de perfection.

Et puis il y a ces incursions dans le monde des arts. Impitoyable monde des arts. On s'amuse ainsi de cet écrivain qui par faiblesse d'imagination va laisser son épouse jouer le rôle de sa muse prête à tout pour la création littéraire ("Un vrai romancier"). Ou encore, dans "Histoire de l'art", ce besoin intrinsèque du créateur de se rapprocher coûte que coûte de l'Art sublimé jusqu'à la caricature de l'humain mis en situation d'être l'œuvre elle-même, admirée et visitée.

Franz Bartelt triture, manie et met en scène la folie des hommes. Il invente et sur-joue leurs défauts avec le recul moqueur, trempant son style souvent imagé et brillant, laissant une place de choix à une ironie décomplexée. Il nous emmène dans ses voyages, comme dans un rêve où les faits, les personnages, les couleurs, les décors s'entremêlent chaotiquement pour finalement retomber sur leur pied. Ce voyage en "iconoclastie" fait un bien fou. Une folie douce.

Merci à Amanda d'avoir, comme souvent, si bien attiré mon attention sur ce livre.

lundi 30 mai 2011

"L'honorable société" de Dominique Manotti et DOA - Série Noire Gallimard



L'Honorable société, ce n'est pas qu'un leitmotiv nous rappelant la Mafia. Sous la plume du tandem Manotti-DOA, il s'agit de la "bonne société". La très bonne société. Celle du beau linge représentée par les mondes politiques et celui des affaires bien sous tous rapports. Nous sommes entre les deux tours d'une élection présidentielle. Chacun des deux candidats trimbale suffisamment de casseroles pour se lancer dans la restauration tandis qu'autour d'eux, et avec leur complicité, se trament les chausse-trappes, les tractations et autres règlements de comptes leur permettant de faire place nette. Et comme dans tout bon polar, c'est par un assassinat que la mécanique se met en branle. Celui d'un agent de sécurité travaillant pour le fleuron du nucléaire français et dont on apprend qu'il est en fait policier en mission.

A partir de là, Manotti-DOA déclinent une mécanique remarquablement huilée où le Politique n'est pas sans ressembler à ces gens qui nous gouvernent et le technocrate sans nous rappeler ces crapules en col blanc. Ces hors-la-loi bon teint qui contrôlent un groupe de BTP, qui négocient et complotent dans les couloirs discrets... Tout ce petit monde de connivence, qui s'entrecroisent, voit forcément d'un mauvais œil que les choses ne tournent pas comme elles ont été négociées contre un peu de Pouvoir et/ou quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Surtout quand l'imprévisible s'embarque malgré lui dans la tempête d'une affaire d'Etat : un journaliste anglais sur le retour enquête, quatre apprentis écoterroristes dépassés, un flic revenu de tout surtout depuis qu'il s'est fait virer d'une précédente affaire politique, des déchets radioactifs baladeurs, des montages financiers secrets...

Manotti-DOA se défendent d'avoir écrit un roman à clé. Mais comment ne pas tenter de mettre des noms sur leurs personnages et sur notre environnement économique et politique ? Un candidat à la présidentielle hyper-actif, colérique et sur le point de divorcer, un patron du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), un groupe de BTP lié aux médias tout puissant et prêt à tout... Il y a un certain plaisir à se retrouver sur ce terrain d'une actualité et d'une histoire qui se voudrait fictive. Alors évidemment, en lisant "L'Honorable société", on peut avoir l'impression de déjà lire le scénario un peu sec d'un film avec, peut-être, un manque d'épaisseur psychologique, à défaut d'une œuvre littéraire stricto sensu. Il n'en reste pas moins que ce livre déroule une action sans accro, au tempo battu en mesure. Tour à tour, les auteurs situent l'action du point de vue de chacun des personnages, ce qui en donne son rythme, laissant de côté toute monotonie. On ne s'ennuie pas et on frissonne un peu de croire tout cela possible. En pleine dichotomie, on se sent loin de tout cela parce que nous sommes un peu trop naïf alors qu'il faudrait être sans doute un peu (juste un peu) paranoïaque de temps en temps pour paraître moins con, moins largué par les mensonges qui nous entourent. Un thriller-polar salutaire, en somme.

lundi 16 mai 2011

"Comment je suis devenu un écrivain célèbre" de Steve Hely - Editions Sonatine




Est-ce qu'il n'y aurait pas, quelque part, l'idée enfouie tout au fond de nous que l'on pourrait/voudrait être l'écrivain qu'il faut avoir lu ? Ayant cédé moi-même à la tentation de l'écriture avec l'auto-publication de deux livres dont j'ai déjà eu l'occasion de parler sur ce blog (Thomas s'en fout + Comme des papillons dans les phares), le roman de Steve Hely allait-il me donner quelques clés cachées pour les portes de la gloire ?

Peu importe la réponse, en fait. Puisque l'essentiel est de passer un très bon moment avec ce livre qui dissèque scrupuleusement les confessions d'un auteur qui a envie d'être écrivain pour de mauvaises raisons : gloire, fric, fille(s), revanche... Car Pete Tarslaw, le narrateur, a tout compris. Il est célèbre grâce à son livre "Cendre dans la tornade" et il souhaite maintenant expliquer à tous son parcours et ses renoncements pour être dans le Top des classements des ventes sur amazon.com, et ainsi tenir la dragée haute à son ex- qui a le toupet de l'inviter à son mariage heureux. Vengeance. Toute petite vengeance.

Steve Hely s'amuse (et nous aussi) et n'esquive aucune bassesse de l'être humain dans la peau d'un écrivain en mal d'honneur. D'abord, il faut abandonner toute velléité littéraire... Si l'on veut être "in", il faut raconter une histoire, sirupeuse à souhait, scénarisée comme un conte moderne où les foules de lecteurs sont brossées dans le sens du poil pour lui tirer les larmes sur fond de trémolos tintinnabulants dans les phrases. Appuyant son récit sur des mécaniques déjà testées par des écrivains bien plus célèbres que lui, Pete Tarslaw assure que leur exemple doit guider l'apprenti du best-sellers en puissance. Au passage, quelques gouttes de soi (mais pas trop), et un scandale pour faire parler, selon le précepte des temps "people-izés" : dites du mal, dites du bien, mais dites quelque chose. Reste à saupoudrer l'ensemble de la soupe de marketing par une maison d'édition bien rodée à l'exercice de la manipulation, et le tour est joué.

Mais au final ? Le roman déroule son implacable méthode avec justesse. Mais à force de didactisme, peut-être est-il un peu trop haché par des cours donnés comme sur un tableau noir. Peut-être y aurait-il eu plus de force narrative à imbriquer d'avantage, et de façon romanesque, les "conseils" de l'écrivain arrivé à son premier succès. En tout cas, Steve Hely a réussi son coup pour un premier roman. Il suffit de lire pour ça la couverture de son ouvrage avec une citation du "Washington Post" en bandeau, bien lisible : "Elu meilleur roman de l'année". C'est peut-être un peu exagéré...

samedi 30 avril 2011

"Chevalier de l'ordre du mérite" de Sylvie Testud - Editions Fayard



Mais quelle mouche a donc bien pu piquer Sylvie Testud ? Celle du sommeil ? Celle de l'ennui ? Les deux ? Avec trois livres au compteur ("Il n'y a pas beaucoup d'étoiles ce soir", "Le ciel t'aidera", "Gamines"), l'actrice avait jusqu'alors raconté (un peu) des pans de sa vie, exploité ses peurs de jeune comédienne, ses angoisses de la vie, ses manques familiaux d'une plume futée, vive et plutôt drôle... Avec "Chevalier de l'ordre du mérite", elle se lance dans le roman en faisant cette fois seulement confiance à son imagination. Et patatras !

Tout sonne faux dans l'histoire de cette femme Wonder Woman qui veut tout bien faire en toute circonstance. Tout résonne toc dans ses relations avec son mec un peu trop mec. Avalanches de clichés lorsqu'il s'agit du monde du travail dans lequel évolue cette héroïne transparente, monomaniaque et chiante à mourir. Plus d'une fois ce livre aurait pu me tomber des mains. Plus d'une fois, je grognais dans mon coin de voir errer tristement Dame Testud dans son histoire de rien aux recoins du vide sidéral, à s'empêtrer dans des comportements et des dialogues tellement à côté de la plaque.

On voudrait comprendre, s'intéresser à son sujet. Mais peine perdue. On s'emmerde dans les méandres du nombril d'un personnage principal. On assiste à de piteuses scènes (le recrutement d'une femme de ménage, l'organisation d'une opération événementielle...). Rien ne colle dans ce livre. "Chevalier de l'ordre du mérite" ? Oui, beaucoup de mérite à finir ce livre...

lundi 18 avril 2011

"Le démon dans ma peau" de Jim Thompson - Folio Policier


Lou Ford, shérif adjoint de son état n'a rien à craindre. Personne ne soupçonnerait même qu'il puisse être violent, menteur, manipulateur et meurtrier. Sous ses airs de rien, il trimballe sa carcasse de flic dans un fond de paix royale du côté de Central City. Forcément, au bout d'un moment, il faut que ça déconne... Jim Thompson s'est mis dans les pas de Lou Ford et devient "je". C'est Lou malade qui raconte, à sa façon : premier degré, sans recul, avec la simplicité du gars en pleine impunité, un peu beaucoup benêt conscient de ce qu'il fait mais pas de la portée de ses actes, inéluctables. Parce qu'il peut tout justifier avec son enfance sous la pression d'un père considéré comme parfait par la communauté, ou avec le fantôme d'un frère assassiné. Par qui ? Plus que charmeur, Lou endort ses adversaires potentiels, sa belle gueule lui va comme un gant pour céder ensuite à sa violence intérieure contre laquelle il n'a pas la moindre envie de lutter pour qu'elle s'exprime sur les corps des autres. C'est comme ça, il n'y peut rien.


Jim Thompson excelle dans ce portrait d'un personnage creux comme un écho, sans aspérité, sans relief et banal comme une cigarette qui se consume, et qui cède à ses démons. Alors dans cette chasse qui s'ouvre contre lui, Lou pavoise, se pense intouchable avant de prendre vaguement conscience que l'étau se refermera irrémédiablement. Dans ce vide, dans ces assassinats, dans ces mensonges-là, on s'ennuie certes pas mal, mais la frayeur rentrée que dégage ce personnage de flic psychopathe porte le lecteur dans une boue friable de la folie. "Le démon dans la peau" colle aux doigts dans la chaleur suffocante du Texas. Dans ce périple autodestructeur, Jim Thompson n'est pas un juge de l'aveuglement, il suit consciencieusement Lou Ford conservant son sourire en coin niaiseux, vers son abîme... Il y a dans ce livre la torpeur de l'inconnu qui bouscule et martyrise les convenances, mais il y aussi ce désordre maladif des hommes contre lequel le commun des mortels ne peut rien. C'est effrayant. Fascinant.


Le livre a fait l'objet d'une adaptation cinématographique en 2010 (que je n'ai pas vue) sous le titre original du livre : "The killer inside me". Réalisé par Michael Winterbottom, le film met en scène Casey Affleck dans le rôle-titre. On retrouve également au casting Jessica Alba et Kate Hudson. La bande-annonce, .

lundi 4 avril 2011

"Invisible" de Paul Auster - Editions Actes Sud


La dernière fois que j'ai lu des livres de Paul Auster, c'était pour apprécier sa trilogie new yorkaise. Depuis, plus rien. Autant dire des lustres... Et pourtant, avec la lecture de "Invisible" il y a de quoi rester scotché. L'auteur y déroule son implacable scénario avec une maîtrise toute mathématique, brillante et passionnante. Adam Walker est son héros. Un héros dont on suivra la biographie de ce jour de 1967 où l'histoire débute jusqu'à sa disparition. Mais tout n'est pas si simple pour un Paul Auster qui a choisi de faire le livre du livre qui s'écrit sous nos yeux.


Adam est un jeune homme intelligent, pas forcément sociable. Etudiant. Et ce soir-là, il va faire la rencontre d'un mystérieux couple qui fera totalement basculer sa vie pendant 30 ans : Rudolf Born, homme volubile et charismatique, et la discrète (et française) Margot. En trois parties clairement distinctes, Auster brode à sa façon le roman d'une vie qui débute au printemps par un "je", se poursuit en été par un "il" et s'achève en automne par la plume d'un écrivain ami d'Adam. Exercice de style s'il en est, l'auteur nous balade alors dans l'histoire d'un homme malade au crépuscule de sa vie, dans ses secrets les plus intimes, dans sa jeunesse, dans ses mensonges, dans ses non-dits, dans ses voyages parisiens, dans ses doutes et dans ses quelques vérités... Mais réalité ou fiction ? Le lecteur navigue à vue, se faisant ballotter avec un certain plaisir par l'autobiographie d'un personnage qui nous a peut-être manipulés. Les doutes subsistent, les incertitudes rendent le lecteur bancal, pris entre l'envie de croire et la résignation d'avoir été mené en bateau.


Alors même si Auster ne dénoue pas tous les noeuds de ses histoires qui est une, au final, on reste subjugué par le défi littéraire qu'il nous oppose. On peut toutefois s'étonner dans les toutes dernières pages d'une explication tout à fait anecdotique par rapport à tous ces mystères qui planent. Il n'en reste pas moins que ce périple est une épopée d'Homme avec toute la complexité d'une vie. Et c'est passionnant.

lundi 21 mars 2011

"Taxi, take off & landing" de Sébastien Gendron - Editions Baleine




Il y en a quelques uns comme ça. Ces auteurs dont j'ai l'impression d'être l'un des découvreurs, faisant de la retape à qui veut bien (ou pas) l'entendre. J'adore la plume de Sébastien Gendron. Narquoise et ironique, elle trimballe l'humour et la phrase ciselée en étendard, oubliant fort heureusement un trop grand sérieux sur des étagères poussiéreuses. Après "Le Tri sélectif des ordures" dont j'avais déjà dit tout le bien que j'en pensais ici, voilà son nouveau caillou dans la chaussure, finement barré.

Hector a l'habit et l'apparence d'un vague cousin, transparent comme l'eau clair, il attend sa correspondance dans le salon VIP d'un aéroport. Rêvassant à son insignifiance et s'adonnant à ses fantasmes tendance érotico-dentelles, il est abordé par une bombasse qui lui annonce leur prochain mariage. Le hic, c'est que justement il doit prochainement se marier, mais pas avec elle. Qu'à cela ne tienne, le héros malgré lui opte sans trop comprendre ce qui lui arrive pour cette inconnue au physique plus qu'avantageux. Il suit cette femme "prodigieusement décolletée, outrageusement culottée, pornographiquement roulée". Le délire peut commencer.

Sébastien Gendron est alors sans gêne. Se foutant de la vraisemblance du récit comme d'une musique d'ascenseur, il mène son Hector dans des aventures qui le dépassent d'un univers ou deux. Froussard, sans génie particulier et d'une normalité crasse, ce "héros" tout droit venu de son placard, tente de démêler comme il peut des embrouilles aériennes, balnéaires, maritimes et familiales... A subir sans céder véritablement aux complots et aux chausse-trappes fomentés, Hector traverse son odyssée à contrecoeur où il croisera un vieux James Bond sur le retour, une soubrette appétissante au père vindicatif, un futur beau-père à la haine vengeresse sur une île enchanteresse... Un cocktail détonnant qui part en sucette, contrebalancé par des explications qui cadre le récit entre chaque chapitre. Alors bien sûr, le souffle de l'histoire... s'essouffle un peu en fin de livre, mais quel plaisir inouïe de partir à la rencontre d'un écrivain qui fait son travail sérieusement, sans se prendre au sérieux. Nous, pendant ce temps-là, on achève ces pérégrinations délirantes le sourire aux lèvres, histoire de caler une petite faim (de lecture) avec un (très) bon sandwich au Gendron...


Et pour celles et ceux qui auraient envie de prolonger l'allongement zygomatique, et pour les fans de la série "Le Poulpe", Sébastien Gendron vient aussi de publier "Mort à Denise", également aux Editions Baleine.

lundi 7 mars 2011

"Quand souffle le vent du nord" de Daniel Glattauer - Editions Grasset


Si je m'attendais... Du nouveau en provenance de la littérature autrichienne contemporaine. Car quoi de plus contemporain qu'un e-mail pour faire connaissance ? C'est ce qui arrive à Leo, recevant un jour un e-mail d'Emmi qui ne lui est pas le moins du monde destiné. D'abord du bout d'un doigt hésitant, les échanges s'étirent peu à peu en longueur pour devenir confidences puis confessions. Une relation quasi-intime se noue dans les recoins de phrases où se mélangent vérités et non-dits, entre les lignes...

C'est un tour de force que réalise ici Daniel Glattauer en livrant aux spectateurs de son roman la lecture de courriers réduits au rang d'e-mail. Uniquement d'e-mails. Dans l'état de voyeur, on suit l'évolution subtile d'une relation virtuelle entre un homme et un femme, passant du stade de la phrase drôle et/ou assassine à tendance détachée à une phase de séduction puis de franchise pour finalement se révéler indispensable tant ce dialogue avec l'inconnu apaise. Tant il est plus facile, parfois, de s'exprimer sans le regard de ses proches. Un processus bien connu par tout ceux qui pratiquent l'internet, et c'est sans doute pourquoi cette lecture séduit et fascine... Elle nous renvoie à nous-mêmes, à notre pratique de cette "machine infernale" qui permet au virtuel d'élaborer dans le temps une relation amicale, de construire des sentiments et pas mal de fantasmes aussi. C'est ce qui arrive à Leo, homme en reconstruction après une rupture douloureuse, et Emmi, une femme mariée, mère de famille et fidèle...

L'auteur se met remarquablement à la place de ses personnages et de leurs e-mails. Il construit contre toute attente un véritable suspense, puisque la question qui taraudera tout lecteur au fil des pages est : vont-ils put.... de b..... de m..... se rencontrer ? Oui ? Ou non ? Je ne répondrais bien évidemment pas à cette question dans cette chronique pour ne pas briser le charme et le ressort du livre, mais cette interrogation naît magnifiquement au fur et à mesure, au rythme des "héros" de son histoire. On ne lâche pas un tel livre, on le dévore. Pour de vrai.

lundi 14 février 2011

"La nuit, le jour et toutes les autres nuits" de Michel Audiard - Editions Denoël



On serait toujours presque tenté de "rabaisser" Michel Audiard à ses dialogues vachards et à ses envolées lyriques poilantes. Cinématographiquement installé au panthéon des gars que l'on citerait volontiers, et par coeur, dans les soirées arrosées histoire de bien faire rire son monde, l'homme se révèle rien de moins qu'écrivain. Un vrai. Profond. Mystérieux. Revanchard. Teigneux. Observateur. Drôle. Il faut bien le dire, là, quelle riche idée de voir Denoël rééditer "La nuit..." pourtant paru en 1978. Passé quelque peu inaperçu à l'époque, l'ouvrage mérite pourtant bien plus qu'un détour distrait.

En 1978, Michel Audiard est un homme à genoux. Il a perdu un fils dans un accident de la route. Difficile de ne pas voir là, dans son roman autobiographique, la trame secrète de cet homme qui se retourne alors vers son passé, sa jeunesse et ses morts dans un Paris très Occupé par la guerre. C'est dans la capitale que l'auteur a grandi, se frayant opportunément un chemin pour vivre, côtoyant les amis, les vrais de toujours, les femmes, les amants, les maîtresses, les putes, les cimetières, les bistrots et quelques soldats allemands. Et Audiard est impitoyable, sa mémoire est subjective, alors il renvoie le plus souvent dos à dos collabos professionnels et résistants sur le tard. On est parfois limite dans cette errance du type revenu de tout, xénophobe et malheureux. Mais comme toujours avec lui, il y a la manière. Cette faconde transportante et jouissive, ce style portant à bout de bras les déboires du monde vers le cataclysme ultime, tel Céline à qui il fait immanquablement penser. Car il faut en finir, suggère-t-il au fil des pages. En bon anarchiste de droite, il faut que tout pète, surtout avec la Bombe, la grande... Et que plus rien ne reste pour ne même plus recommencer en plus mal et en plus moche.

On est parfois nauséeux à lire ses personnages et sa Vérité. Mais j'ai paradoxalement aimé ses images, ses métaphores et ses portraits glaviotés du fond de ses nuits embuées. J'ai aimé son indocilités et ses provocations. Le lecteur voyage au pays des Lettres bien troussées pendant que leur auteur détrousse les âmes à coups de latte dans les couilles. Crûment. Pour voir. Pour (re)sentir. Pour s'éberluer du monde qui a depuis si longtemps fait passer l'humanité pour un carnage ambulant. Il est un témoin maladivement horrifié de respirer encore tandis que nous, dans ces pages, nous suffoquons. On s'étonne aussi de voir graviter ces gens dans les années 50, oublieux d'une autre époque, où le grand principe était de surtout sauver sa peau, quoi qu'il en coûte. Sans regrets, sans remords. Une autre époque. Dans cette période de fards et de feintes, Michel Audiard n'a lui rien oublié des revirements, des lâchetés, des immondices, de ces femmes rasées à la Libération par ceux-là même qui avait profité de leurs largesses buccales. Epoque trouble aux héros en plastique. Pour trouver la paix, Audiard va au cimetière déposer quelques fleurs. Il parle à ses morts parce que les vivants n'en valent pas la peine. A la fin des années 70, Audiard est un homme seul avec sa peine, qui traque les souvenirs pour les coucher sur papier et survivre. Au lieu de les dégueuler.

lundi 31 janvier 2011

"Underworld USA" de James Ellroy - Editions Rivages/Thriller



841. 841 PAGES ! Il m'en aura fallu, du temps, pour venir à bout du volumineux roman de James Ellroy sorti en 2009. Pendant qu'il virevolte de télés en journaux, du web à la radio pour la sortie de son opus 2010, j'en étais encore à lire sa prose made in 2009. Parce que cela prend du temps un auteur aussi foisonnant lorsqu'il décide de raconter l'Amérique des années 60. Toute l'Amérique. Celle de J. Edgar Hoover, celle du FBI, celle du racisme à son apogée, celle de la révolte des noirs, celle des groupuscules, celle du mensonge, celle des complots, celle des arnaques, celle des chantages, celle de l'aveuglement, celle de la Politique extérieure de Port-au-Prince à la République Dominicaine, celle de Cuba, celle de cet impérialisme qui ne disait pas encore son nom, celle de l'hégémonie, celle des assassinats de JFK, de Martin Luther King et de Robert Kennedy, celle de...

Ellroy s'attaque à des pans entiers de l'Histoire de son pays, et pour mener à bien son plan quasi destructeur, il pioche trois personnages spécialisés dans les basses oeuvres, habitants permanents des écuries d'Augias : Dwight, missionné par le boss du FBI, Wayne, ancien flic ou encore Don, détective privé voyeur. A eux trois, ils rassemblent cet effroyable opéra de la manigance, du billard à 10 bandes pour bousculer, taillader et détruire un autre monde en marche. A partir de ce qui ne semble être qu'un fait divers (l'attaque du fourgon blindé au petit matin), James Ellroy déploie ses ailes dans le rôle de l'implacable metteur en scène. Malin, il décide de dérouler son bouillonnant scénario en prévenant le lecteur d'entrée que ce qu'il va lire est le fruit du travail de recherche d'un narrateur (trop) bien informé. Les confidences, les telex, les conversations téléphoniques retranscrites, les journaux intimes recopiés... Tout est là pour que l'intimité et le petit bout de lorgnette fassent de l'Histoire, l'histoire...

Alors parfois, on s'y perd un peu, beaucoup. Des noms en cascade, des enquêtes qui n'en sont plus, puis qui reviennent à nouveau. Des personnages que l'on perd puis que l'on retrouve. Tout est imbriqué dans cette frénésie qui m'a parfois donné le sentiment de voir défiler le "JFK" d'Oliver Stone. On se laisse embarquer malgré nous. On sait en recoin de pages qui dans "Underworld USA" est l'assassin de Luther King et de JFK, on connaît les opérations de déstabilisation menées par les autorités dans le cadre des élections présidentielles américaines, on sait qui mène la danse dans cette vaste cabale où tous ont les mains ensanglantées et quelques morts sur l'inconscience. Malgré tout, l'enquête du fourgon blindé trouvera son épilogue dans une impeccable destruction du château de cartes. Une carte après l'autre, impitoyablement. James Ellroy fait ici preuve d'une incroyable maîtrise du récit, tenant de bout en bout cette enquête sur plus d'une décennie. Là où l'on fatigue de cette matière en fusion, l'auteur tient le cap sans sourciller pour emmener le lecteur vers l'épuisant périple d'une Amérique dans une ultime tentative de rédemption. En vain ?

mardi 4 janvier 2011

"La mise à nu des époux Ransome" de Alan Bennett - Editions Denoël & d'Ailleurs



C'est toujours un peu la même chose avec le roman anglais. Il est souvent chaudement recommandé, humour so British oblige... On le cherche parfois et quelques pépites made in Nick Hornby ou P.G Wodehouse émergent. Mais pas tant que ça, au final. En lisant "la mise à nu des époux Ransome", ce n'est pas tant la rigolade en cascade laissée sur le bord de la route qui frappe, mais son histoire minimale, voir minimaliste. Un soir, les Ransome rentrent après une soirée à l'opéra comme ils ont eu l'occasion d'en passer des dizaines. Sauf que cette fois, dans leur appartement, il ne reste plus rien. Mais alors vraiment plus rien. Plus une petite cuillère, pas un slip, plus le moindre meuble ni même une brosse à dents. Rien.

Passé le choc, le couple réorganise sa vie comme il peut. Pas trop vite, et mieux au goût de Mme Ransome qui découvre là le prétexte à remettre en cause sa vie, ses envies... Imperceptiblement, d'abord. Puis grandit résolument son désir d'autre chose, d'autrement... Alan Bennett ne s'embarrasse pas des fioritures, il décline les responsabilités par petites touches, par ces menus détails qui font mûrir la réflexion de Mme Ransome, mais à l'anglaise. Subtile, délicate... sans heurter, sans surtout faire de vague. Sans contrarier l'intraitable M. Ransome, souple comme un bretzel et avenant comme une eau glaciale pendant une douche du matin. Madame avance, s'ouvre et sourit tandis que Monsieur, rigide et monomaniaque de la chaîne Hi-Fi, est toujours égal à lui-même. L'écart se creuse, irrémédiable. Et peu importe les raisons et les explications apportées à ce cambriolage, les rêves se nouent pour que la vie (re)commence...

Ce court roman tout simple se lit comme la chronique d'une fin annoncée. En spectateur, l'envie nous prend parfois de secouer nous-mêmes le cocotier, de briser l'histoire de ce quotidien qui a tout bouffé. L'auteur est dans la tête et l'esprit de Mme Ransome qui s'est oubliée sur le bord de la route de la vie. Un livre ô combien pessimiste qui paradoxalement fait oeuvre de salubrité publique. Simplement.